Nottingham est une ville des Midlands de l’est de l’Angleterre avec un héritage important. D’environ 300 000 habitants la population s’étend à plus de 800 000 résidents si l’on compte son agglomération urbaine, ce qui en fait la 7ème du pays entre Liverpool et Sheffield. Grande cité de la révolution industrielle, spécialisée notamment dans la dentelle, Nottingham à également un passé médiéval d’où est issue la légende de Robin des Bois. Mais c’est une autre légende qui nous intéresse aujourd’hui…
Le Nottingham Forest Football Club naît en 1865 – c’est l’un des plus vieux clubs de football du monde – et marque de nombreux jalons du Beautiful Game : premiers à utiliser des protèges-tibias, disputant le premier match où l’arbitre utilise un sifflet et sa générosité est à l’origine de la création de plusieurs autres clubs majeurs d’Angleterre : Liverpool, Arsenal et Brighton & Hove Albion.
Refusant de se professionnaliser, Forest ne dispute pas les premières éditions du championnat anglais et connaît d’abord un succès mitigé. Les Reds finissent par atteindre la première division mais font l’ascenseur avec les divisions inférieures toute la première moitié du 20ème siècle. Il faudra attendre les années 60 pour que le club se stabilise dans l’élite et dispute une première coupe d’Europe avec la Coupe des villes de foire en 1962.
En 1967, plus d’un siècle après sa création, le club atteint son meilleur classement et fini vice-champion d’Angleterre, seulement 4 points derrière Manchester United. Fidèle à son histoire, Nottingham va ensuite s’écrouler et lutte pour éviter la relégation pendant plusieurs saisons avant de finalement craquer en 1972. Proches d’une relégation en 3ème division, l’entraîneur est démis de ses fonctions et un électron libre, Brian Clough, est nommé manager pour sauver Nottingham.
Ancien joueur de Middlesbrough et Sunderland, l’attaquant prolifique ayant même connu deux sélections avec l’équipe d’Angleterre en 1959 s’est reconverti entraîneur suite à une grave blessure. L’homme est connu pour son tempérament explosif et passionné. Son premier rôle de coach à Hartlepool United en 4ème division le voit même obtenir la tête de son président à qui il reproche de ne pas suffisamment s’impliquer et qui menaçait de le licencier. Le dirigeant finit par démissionner devant les bons résultats de son entraîneur. Cette première expérience réussie attire l’attention et Derby County, club rival de deuxième division, rafle le charismatique entraîneur.
Champions dès la deuxième saison, les hommes de Clough sont promus dans l’élite et surprennent le monde du ballon rond en pratiquant un football total, technique, tactique et au sol, aux antipodes du kick & rush anglais de l’époque. Ils décrochent le titre en 1972 mais les conflits permanents entre Brian Clough et sa direction finissent par avoir raison de lui et il est licencié en 74.
Disposant d’une belle côte pour son travail sur le terrain, il est en lice pour devenir sélectionneur national. Mais son côté provocateur et arrogant ne colle pas avec l’institution prestigieuse qu’est la Fédération anglaise. Il est embauché à Leeds où il ne reste que 44 jours avant d’être renvoyé, en conflit avec la ville entière ! Il déclarera : « C’est un jour terrible… pour Leeds United ». Les médias se déchaînent et annoncent la fin de sa carrière.
Brian Clough arrive finalement au chevet de Nottingham Forest en 1975. Pari audacieux, la sauce prend immédiatement et le club qui luttait pour sa survie en 2ème division finit 8ème puis 3ème l’année suivante, synonyme de montée en première division. Inarrêtable le promu est sacré champion d’Angleterre dès son retour dans l’élite en 1978 ! Ce n’est que le début pour Clough, accompagné de son adjoint historique Peter Taylor, qui ne manque pas d’ambition pour Forest. Qualifié pour la Coupe d’Europe des clubs champions (ancêtre de la Ligue des Champions), le nouveau venu écrase la compétition et soulève le trophée à la surprise générale. En championnat, Nottingham échoue à la deuxième place derrière le Liverpool des légendaires Kenny Dalglish et Graeme Souness.
La saison suivante voit Nottingham réaliser un extraordinaire back-to-back en remportant une deuxième fois d’affilé la Coupe d’Europe. Ce doublé européen accompagné d’un titre de champion d’Angleterre, pour un club proche de disparaître dans les tréfonds du football anglais trois ans auparavant, fait rentrer Clough et Forest dans la légende.
L’entraîneur haut en couleur aux déclarations incisives démissionne en 1993 après 18 ans à la tête du club. Embourbé dans des problèmes d’alcoolisme et les résultats ne suivant plus, il laisse derrière lui un petit club devenu géant d’Angleterre et d’Europe. Suite à son départ, Forest va connaître une longue descente aux enfers, inédite pour un club ayant remporté par deux fois la Coupe d’Europe. Relégués en 3ème division, il faudra attendre 23 ans pour que Nottingham retrouve la Premier League. Sous les ordres de Steeve Cooper et grâce à un excellent Brice Samba, les Reds remportent les Plays-offs et retrouvent l’élite du football anglais.
Après deux saisons en mode survie, les pensionnaires du City Ground voit l’arrivée d’un nouveau coach, le portugais Nuno Espírito Santo et de nombreux nouveaux joueurs. Pas de têtes d’affiches clinquantes mais des profils solides et des jeunes talents. Et cette saison 2024/25 ressemble aux premières saisons de l’ère Brian Clough : une équipe qui aurait dû jouer le maintien qui se retrouve comme un sérieux prétendant au titre. A la mi-saison, Forest pointe à une belle 3ème place et impressionne les observateurs. C’est le réveil d’un géant du football à l’histoire complexe, marquée par des hommes hors-normes. Rendez-vous à l’issue de la saison pour savoir si Nottingham retrouvera la Coupe d’Europe, avec qui elle a vécu l’une des plus belles histoires d’amour du ballon rond.
En bonus, le meilleur des déclarations de Brian Clough :
– « If God had wanted us to play football in the clouds, he’d have put grass up there. »
« Si Dieu avait voulu qu’on joue dans les nuages, il aurait mis de la pelouse là-haut. »
– « Rome wasn’t built in a day. But I wasn’t on that particular job. »
« Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais je ne m’en occupais pas. »
– « Walk on water? I know most people out there will be saying that instead of walking on it, I should have taken more of it with my drinks. They are absolutely right. »
« Marcher sur l’eau ? La plupart des gens disent qu’au lieu de marcher dessus, j’aurais dû en mettre plus dans mon verre. Ils ont raison. »
– « We talk about it for twenty minutes and then we decide I was right. »
« On en a discuté pendant vingt minutes et on a décidé que j’avais raison. »
– « I’m not saying he’s pale and thin, but the maid in our hotel room pulled back the sheets and remade the bed without realising he was still in it. »
« Je ne dis pas qu’il est pâle et mince, mais quand la femme de ménage de l’hôtel à refait le lit elle ne s’est pas rendu compte qu’il était toujours dedans. »







