Michel Platini est sans aucun doute l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football, un numéro 10 de légende, symbole de l’équipe de France. Après une immense carrière où, plutôt fidèle, il n’a joué que pour trois clubs, Nancy le club de sa lorraine natale, puis les verts de Saint-Etienne plus grand club français de l’époque et enfin la Juventus de Turin, géant d’Europe, il aura quasiment tout raflé en terme de titres individuels – triple ballon d’or consécutivement de 1983 à 85 – et de trophées collectifs. Il remportera l’Euro 84 à domicile avec les Bleus, mais le meneur de jeu français va disputer le dernier match de sa carrière pour une sélection qui n’est pas la sienne : le Koweït !
En 1988, « Platoche » met un terme à sa carrière, son corps usé et meurtri par de nombreuses blessures. Après avoir été le meilleur sur le terrain, il ne manque pas d’ambition et de projets pour la suite. Il devient vice-président de l’AS-Nancy Lorraine, devient sélectionneur de l’équipe de France suite aux mauvais résultats d’Henri Michel et lance sa marque de vêtements et de maillots. Platini entreprend une tournée commerciale dans les pays du Golfe dans l’idée de conquérir de nouveaux marchés et trouver des partenaires financiers. Il confiera plus tard que les deals commerciaux « pouvaient marcher au relationnel » et est bien décidé à faire plaisir à ses hôtes. Il disputera un premier match amical entre la Jordanie et Oman, jouant une mi-temps dans chaque côté. Ce n’est pas un match reconnu par la FIFA, il n’est donc pas comptabilisé officiellement et permet ce genre de dérive grâce à des règles plus souples.
Michel Platini se rend ensuite au Koweït, invité par l’émir Fahad Al-Ahmed Al-Jaber Al-Sabah. Ce nom il le connaît bien car quelques années plus tôt, lors de la Coupe du Monde 1982 en Espagne, la France affronte le Koweït lors de la phase de poules. Alors que la France étrille son adversaire, les Bleus plantent un 4ème but. Mais le frère de l’émir descend furieux sur la pelouse et demande à ses joueurs de quitter le terrain et à l’arbitre de la rencontre de faire annuler le but ! Il reproche un coup de sifflet venu des tribunes qui aurait fait s’arrêter les joueurs koweïtiens lors de l’action du but français. L’arbitre va se soumettre à sa requête à la stupeur générale et provoquer la colère du sélectionneur français Michel Hidalgo et de son joueur vedette, Michel Platini. La France marquera finalement un autre 4ème but et l’arbitre sera radié à vie par la FIFA.
Pas rancunier, Platini accepte de disputer un match avec la sélection koweïtienne le 27 novembre 1988 contre l’URSS. Il disputera les 21 premières minutes de la rencontre avant de sortir à bout de souffle. Sauf que cette fois, la rencontre est bien officielle et enregistrée auprès de la FIFA. Michel Platini devient le premier joueur à porter les couleurs d’une sélection dont il n’a pas la nationalité ! Il compte donc 72 sélections avec l’équipe de France et une sélection avec le Koweït. Malgré l’ampleur de l’évènement, il existe très peu d’archives de ce match.
Ce mystère reste encore aujourd’hui inexplicable, comment les règles strictes de la FIFA ont-elles pu être bafouées de la sorte ? Platini a-t-il perçu une importante rétribution pour sa participation à ce match ? On ne le saura probablement jamais. Quelques mois plus tard le nouveau sélectionneur français emmènera les Bleus au Koweït en tournée pour un tournoi préparatoire organisé par l’émir et la famille régnante koweïtienne l’accompagnera tout au long de son après-carrière.





