Après la Seconde Guerre Mondiale, le Stade de Reims est promu en première division française malgré des résultats sportifs insuffisants grâce à la fusion de plusieurs équipes et le passage de 16 à 18 clubs. Les premières saisons de Reims dans l’élite se passent bien et le club ne finit pas en deçà de la 4ème place pendant 10 ans. En 1950, c’est la consécration et les rémois arrachent le titre à Lille grâce à une fin de saison canon. Les champenois sont conviés à la Coupe Latine, sorte d’ancêtre de la Coupe de Clubs Champions et de la Ligue des Champions actuelle, réunissant les champions d’Espagne, du Portugal, d’Italie et de France dans une compétition à élimination directe. Reims est battu sèchement par le FC Barcelone mais peut s’enorgueillir d’une première expérience européenne.
Les rémois ont pris goût au succès et aux grandes confrontations et remportent leur première Coupe de France l’année suivante. Sous l’impulsion d’un nouveau coach Albert Batteux et avec l’émergence d’un jeune talent en la personne de Raymond Kopa, le Stade de Reims va à nouveau remporter le championnat en 1953 et se qualifier pour la Coupe Latine. Cette fois c’est la bonne et Reims bat Valence avant d’écraser un grand Milan AC et son trio d’attaquant suédois en finale (3-0, doublé de Kopa). C’est l’éclosion du fameux « jeu à la rémoise », technique, rapide et offensif, qui contraste avec le jeu plus physique de l’époque.
Auréolés d’un premier titre « européen » et portés par le prodige Kopa, les rémois remportent plusieurs titres lors des saisons suivantes : une Coupe Charles Drago, un 3ème championnat et un Challenge des Champions (ancêtre du Trophée des Champions). Ils s’inclinent en finale de la Coupe Latine face au Real Madrid au but en or (3-2). L’entraîneur Albert Batteux devient également sélectionneur de l’équipe de France en parallèle de son rôle à Reims. La saison 1955/56 marque la création de la Coupe des clubs Champions Européens qui devient l’objectif des pensionnaires du stade Auguste Delaune.
Après avoir éliminés le champion du Danemark, de Hongrie et d’Ecosse, les rouges et blancs retrouvent l’ogre madrilène en finale. Dans un match d’anthologie au Parc des Princes, où ils auront menés au score 2-0 puis 3-2, les rémois sont battus 4-3 par le Real Madrid qui remporte la première de ses nombreuses Coupes d’Europe. Raymond Kopa va même les rejoindre contre le montant faramineux de 52 millions de francs ! Mais une autre légende française les rejoint en provenance de l’OGC Nice : Just Fontaine. Après une bonne première saison en Champagne qui se solde par une 3ème place, le serial buteur va marquer 34 buts en 34 matchs en 1958 et le Stade de Reims remporte un doublé Coupe-Championnat. Sélectionné en Equipe de France avec plusieurs de ses coéquipiers pour la Coupe du Monde 1958, l’attaquant emmène les Bleus jusqu’à la 3ème place et va marquer 13 buts dans la compétition. Son record tient encore aujourd’hui.
Qualifié pour la Coupe des clubs Champions Européens 58/59, Reims va à nouveau atteindre la finale et retrouve sa bête noire en finale, le Real Madrid, mené par son ancien buteur Raymond Kopa. Le triple tenant du titre s’impose à nouveau et vient briser une fois de plus les rêves des rémois. Kopa revient à Reims et remporte avec Fontaine deux nouveaux titres de champions de France en 1960 et 1962. Les mauvaises performances en Coupe d’Europe et la grave blessure de Just Fontaine (qui mettra un terme à sa carrière) marquent le déclin du stade de Reims et la fin du football champagne. L’entraîneur emblématique Albert Batteux est licencié et rejoint l’AS Saint-Etienne qui va remplacer Reims au sommet du football français.
Brillant pendant plus de 15 ans, le Stade de Reims est passé à un cheveu de devenir l’un des plus grands clubs européens. Son football attrayant et novateur aura marqué les esprits et ouvert la voie au beau jeu dans le football moderne. Son héritage est important, aujourd’hui encore les équipes plébiscitent la fameuse technique du « corner à la rémoise », joué en deux temps et redoutable. Après plusieurs relégations et une liquidation judiciaire en 1992, le club renaît de ses cendres et retrouve l’élite en 2012 avant de s’imposer comme un pensionnaire durable de la Ligue 1 depuis 2018.
